Décollage – Accélération pendant la phase de roulage


Etat des forces en présence

Pendant la phase de roulage au sol après la mise en puissance, les forces en présence sont les suivantes:

  • poids de l’avion : P = mg. Cette force reste constante
  • traction moteur : Tm. Après la mise en puissance (= plein gaz), celle-ci va progressivement augmenter au fur et à mesure de la prise de vitesse de l’avion sur la piste en raison, d’une part de l’augmentation du rendement de l’hélice (proportionnel à la vitesse d’avancement de l’avion), et d’autre part, par l’augmentation du régime moteur (à pression d’admission maximum, la puissance délivrée par le moteur augmente avec le régime moteur)
  • portance aérodynamique : Z. Initialement nulle au moment de la mise en puissance, elle augmente avec la vitesse.
  • trainée aérodynamique Xa. Initialement nulle au moment de la mise en puissance, elle augmente avec la vitesse.
  • trainée de friction due au roulement : Xf. Celle-ci est la conséquence des forces de frottement dit « solide » résultant du contact des pneus avec le sol.

Cette force de friction est proportionnelle à la force d’appui sur le sol. Dans le cas ou cette dernière est uniquement le poids du véhicule (P = mg), la traînée de friction s’exprime comme suit :

Xf = Cf.mg

Cf est le coefficient de frottement. Il est de l’ordre de 0.01 à 0.02 pour un contact sur un sol dur, sec.

Dans le cas particulier de l’avion au roulage, la portance Z, développée au fur et à mesure que la vitesse augmente, diminue la force d’appui au sol que constituait initialement le poids P. La traînée de friction s’exprime alors comme suit:

Xf = Cf.(mg – Z)

La traînée de friction diminue donc quand la vitesse de l’avion augmente.

Figure 1 Force de friction de roulement

Les figures suivantes présentent l’état des forces en début et en fin de roulage (avant la rotation).

Figure 2 Etat des forces en début de roulage
Figure 3 Etat des forces en fin de roulage

En début de roulage, après la mise à pleine puissance :

Xa est minimum

Z est minimum

Xf = Cf.(mg-Z) est maximum

Tm > (Xa + Xf) donc l’avion accélère

En fin de roulage, juste avant la rotation:

Xa a augmenté

Z a augmenté

Xf a diminué

Tm a augmenté

On a toujours Tm > (Xa + Xf)

Accélération pendant le roulage

L’accélération Γ est reliée aux différentes forces par le principe fondamental de la dynamique: Σ Forces = m . Γ. Sur une piste de pente γm, , la relation générale est:

Tm ± mgsin(γm) – Xa – Cf.[mgcos(γm) – Z] = m . Γ

Tm = traction due au GMP (sortie hélice)

± mgsin(γm) : composante du poids sur la trajectoire, agissant en traction (+) dans le cas où le décollage se fait dans le sens descendant, ou en traînée () dans le cas contraire (= 0 si γm = 0)

Xa : traînée aérodynamique (détail ICI)

Cf : coefficient de frottement pneu / sol

mgcos(γm) : composante du poids perpendiculaire au sol (= mg si γm =0)

Z : portance (= ½ . ρ . V2 . S . Cz). Cz est inchangé pendant la phase de roulage au sol si l’on suppose que l’assiette de l’avion reste constante jusqu’à la rotation; il dépend de l’angle de calage de l’aile.

Dans le cas où la piste est horizontale (γm = 0), la relation s’exprime comme suit:

Tm – Xa – Cf.(mg- Z) = m . Γ

Exemple

La figure 4 représente l’évolution de la vitesse et la distance parcourue depuis la mise en puissance d’un DR 400 2+2 au décollage avec les conditions suivantes:

Masse = 795 kg

QFE = 1026 hPa, T = 2°C, vent nul

Mise en puissance sur frein

Vitesse de rotation : Vi = 100 km/h

Note: les vitesses / sol ainsi que la distance parcourue ont été enregistrées avec un logger GPS (pas : 1 s). Compte-tenu de l’absence de vent, on a Vi = V/sol.

Figure 4

L’accélération représente la pente de la courbe V = f(temps). Elle n’est pas constante, elle diminue légèrement au fur et à mesure de l’avancement de l’avion sur la piste.

La cause en est la diminution progressive de l’écart Tm – (Xa +Xf). La trainée de friction de roulement Xf diminue mais la traînée aérodynamique Xa augmente avec la vitesse.

Concernant la distance de roulement, celle-ci augmente de façon quasi parabolique similairement à celle d’un mouvement uniformément accéléré dont la loi est de la forme D = 1/2 . Γ . t2. Mais ici, Γ n’est pas constante, même si sa variation reste faible sur cette distance de roulage avant rotation.